FAMILLE DE LA PUCELLE
I. Jacques d’ARC, né à Ceffonds [1], près Montierender, en 1380 [2], mort en 1431 [3], épouse Isabelle ROMEE, de Vouthon, née en 1387 [4], morte le 28 ou 29/11/1458 [5], d’où :
II.1. Jacques ou Jacquemin d’ARC du LYS, mort après 1430 et avant 1455 [6], épouse N. [7], d’où Jehanne du LYS, mariée à son oncle Jehan du LYS, prévôt de Vaucouleurs [8] (le reste de sa postérité est inconnu).
II.2. Catherine d’ARC, épouse Colin, maire de Greux (celui qui fut entendu en qualité de témoin dans le procès en réhabilitation), morte sans postérité avant 1429 [9].
II.3. Jehan d’ARC du LYS, écuyer, prévôt de Vaucouleurs, rapporté ci-après.
II.4. Jehanne, la pucelle d’Orléans, née à Domremy, le 06/01/1412 [10], brûlée par les Anglais à Rouen le 30/05/1431 [11].
II.5. Pierre d’ARC, le chevalier du LYS, rapporté ci-après.
Jacques d’ARC, père de la Pucelle, eut 2 frères :
1° Nicolas d’ARC, mort avant 1411. Sa veuve, nommée Jeanne, l’une des marraines de la Pucelle [12], aurait épousé en secondes noces (selon Mr Vallet de Viriville) Durant LAXART, qui conduisit l’héroïne à Vaucouleurs [13]. Nous inclinerions plutôt à voir en Jeanne, femme de Durant LAXART, une sœur de Jacques d’ARC [14]. Jeanne mourut avant 1456 [15]. Postérité inconnue.
2° Jehan d’ARC. Mr Vallet de Viriville identifie ce Jehan d’ARC avec celui qui fut nommé par le roi Charles VII en 1436 « arpenteur du Roy pour les bois et forêts au département de France ». Nous n’y faisons pas d’objections. Rien d’impossible non plus à ce qu’un lien de filiation existât entre la famille de la Pucelle et Jehan d’ARC, marchand drapier à Troyes, mort en 1375 [16].
Isabelle ROMEE, mère de la Pucelle, eut un frère et une sœur :
1° Jehan de VOUTHON
2° Aveline ROMEE, mariée à Jehan de VOISEUL [17].
[1] Information moyennement fiable, reprise de Charles du LYS. Je reviendrai sur l'origine géographique de cette famille dans un article spécifique.
[2] Information peu fiable (à considérer avec prudence). Debouteiller et de Braux tiennent cette date de naissance de Mr Villiaumé qui l’a reçue d’une tradition familiale.
[3] Information non fiable. Aucune justification ou source n’est donnée pour cette date de décès.
[4] Information peu fiable (à considérer avec prudence). Debouteiller et de Braux tiennent cette date de naissance de Mr Villiaumé qui l’a reçue d’une tradition familiale.
[5] La date du décès d’Isabelle ROMEE est fiable et justifiée par des documents retrouvés dans les archives du Loiret : « A Messire Pierre du LIS, chevallier, frère de feue Jehanne la Pucelle, la somme de 48 s. p. que par les procureurs a esté ordonné lui estre paiée, pour le don que ladicte ville faisoit chacun mois à feue Ysabeau, leur mère, pour luy aider à vivre, et pour le mois de novembre derrenier passé [M CCCCL VIII], ou quel mois elle trespassat le xxviiie ou xxixe jour ; pour laquelle cause, ladicte somme a esté ordonné estre baillée audit messire Pierre, son filz, pour faire du bien pour l'âme d'elle et accomplir son testament. Pour ce, à lui donné 48 s. p. » (Archives municipales d'Orléans, compte de commune de Hervé Paris, 1457-1458, mandement XLIX).
[6] Information fiable. Décès situé entre les dates de l’anoblissement de la famille de Jeanne d’ARC (Jacquemin du LYS nommé dans les lettres patentes) et du procès de réhabilitation (seuls Pierre d’ARC, Jean d’ARC dit du LYS, et leur mère Isabelle ROMEE, encore vivants, y étaient présents).
[7] D’après Henry LABOURASSE, il aurait épousé une certaine Catherine CORVISET. J’y reviendrai dans un article spécifique.
[8] Union invraisemblable. Debouteiller et de Braux la justifient de la façon suivante : « Il résulte des dépositions contenues dans ces enquêtes [1502 et 1551] que Claude du LYS [qui, jusqu’alors, avait été désigné dans les généalogies de référence comme fils de Jean du LYS, prévôt de Vaucouleurs, frère de Jeanne d’ARC] avait pour mère la nièce de Pierre, le chevalier du Lys, et pour grand-père Jacquemin du LYS. Il ne semble pas possible d’expliquer cette double affirmation autrement qu’en faisant de Jean du LYS, prévôt de Vaucouleurs, le mari de sa nièce, fille de son frère aîné » (La famille de Jeanne d’ARC, p 60-61).
Les propos de Debouteiller et Braux sont déconcertants. Ils imaginent, en effet, que Jean du LYS aurait épousé sa propre nièce, fille de Jacquemin, et que Claude serait leur fils, ceci uniquement pour expliquer son nom patronymique « du LYS ». Rappelons qu’un mariage consanguin entre un oncle et une nièce nécessitait une dispense papale très exceptionellement accordée. Mais revenons maintenant aux textes de référence.
Dans l’enquête de 1502, « noble homme Claude du LYS, demeurant audict Dompremy-sur-Meuse, aagé d’environ cinquante ans, a dict, affirmé et attesté sur sa loiaulté et conscience que en son jeusne aaige, peut avoir environ vingt-quatre ans, demoura avec ledict feu Pierre du LYS, oncle à sa mère et fille de Jacques du LYS, grand-père dudict attestant, au lieu de Luminart, près Orléans, environ le temps et espaices de cinq ans ».
Dans l’enquête de 1551, « noble femme Didon DALY, veuve de feu Thouvenin THIERRET … a dict ... que ledict défunct [Claude] DALY, son père, auparavant lequel trespas, luy a par plusieurs et diverses fois ladicte deposante ouy reciter son lignage et généalogie, disant estre fils de Jean DALY et Jehanne sa femme, laquelle Jehanne estoit fille de Pierre DALY, frère de Jehanne la Pucelle, lequel Pierre fut prévost de Vaucouleurs qui avoit deux aultres frères, l’un nommé Jean et l’autre Jacques DALY. Et avoit ledict Claude DALY père à ladicte deposante prins ledict nom DALY pour et affin de jouir du privilége et tiltre de noblesse » et « noble femme Anne, veufve de feu Monget GAUTRINOT … a dict ... que son dict père [Claude DALY] disait estre fils de Jehan DALY et Jehanne DALY sa femme, laquelle Jehanne estoit fille de Pierre DALY, frère de ladicte Jehanne la Pucelle, lequel Pierre fut prevost de Vaucouleurs, qui avoit deux autres frères, l’un nommé Jehan et l’autre Jacques DALY et avoit ledict Jehan DALY, père dudict Claude DALY, prins le surnom DALY à cause de ladicte Jehanne sa femme pour jouir et user des privillèges et tiltres de noblesse ».
Quel sac de nœuds que tous ces témoignages discordants ! Il semble que des confusions/interversions de personnes se soient glissées lors de l’enquête de 1551. En effet, la question posée par les enquêteurs était la suivante : « il sera demandé aux déposants s’ils cognoissent ou ont pas ouy dire que de Jean d’AY, prévôt d’Orléans [sic !], frère de Jeanne d’AY ... ». Or, il est parfaitement connu et prouvé que Jean d’ARC du LYS fut prévôt de Vaucouleurs, que Pierre d’ARC du LYS, son frère, eut la jouissance de l’Ile-aux-Bœuf près d’Orléans, et que jamais aucun membre de la famille d’ARC du LYS ne fut prévôt d’Orléans. Il est fort probable que ces enquêteurs aient semé une grande confusion dans les témoignages des déposants, voire même, qu’ils aient modifié leurs propos en intervertissant des noms et des fonctions (par exemple, en faisant de Jean d’AY, un prévôt d’Orléans et de Pierre d’AY, un prévôt de Vaucouleurs) pour coller à leur questionnaire de départ.
Ces interversions rendent très périlleuse l’exploitation de cette enquête (pourtant très riche en informations d’intérêt) et sont à l’origine de toutes généalogies erronées établies par la suite par Charles du LYS, Jean HORDAL du LYS et bien d’autres généalogistes.
Dans cette confusion ambiante, il me paraît judicieux de ne se fier qu’au témoignage de 1502 Claude du LYS, petit-neveu de Jeanne d’ARC, qui est le mieux placé pour connaître précisément la généalogie de sa famille. Les témoignages confus de 1551 permettent uniquement de comprendre que ce Claude, ainsi que son père Jean (époux de Jeanne du LYS), prirent le surnom « du LYS » afin de pouvoir jouir des privilèges de noblesse accordés à cette famille. Le père de Claude dit du LYS n’était donc pas Jean du LYS, prévôt de Vaucouleurs et frère de Jeanne d’ARC mais un certain Jean dit du LYS dont le nom patronymique originel est inconnu.
[9] Information fiable. Date issue de la déposition de Catherine ROBERT (enquête de 1551), cousine issue de germain de la Pucelle : « au moment de partir pour Vaucouleurs [1429], Jeanne vint demander à sa tante Aveline, sur le point de devenir mère, de donner à l'enfant qu'elle attendait, si c'était une fille, le nom de Catherine, en mémoire de sa sœur défunte ».
[10] Information très peu fiable. Lors de son procès et d’un interrogatoire mené le 21/02/1431, Jeanne d’ARC dit avoir « environ 19 ans », ce qui situe son année de naissance à environ 1412. Certains auteurs indiquent parfois le 6 janvier comme jour de naissance de la Pucelle. Pour ce faire, ils s’appuient sur une lettre rédigée le 21/06/1429 par le chambellan Perceval de BOULAINVILLIERS, adressée au duc de MILAN, qui retrace l’activité et les faits d’armes de Jeanne d’ARC, en sus d’alléguer sa naissance durant la nuit de l’Epiphanie, autrement dit le 6 janvier, sans spécifier l’année. Cette date semble plus allégorique que réelle.
[11] Information fiable. Date issue des manuscrits relatifs au procès de Jeanne d’ARC.
[12] Information non fiable, reprise de Charles du LYS qui avança, sans citer de sources, que : « Iacques DARC père de la Pucelle eust deux freres, l’un Nicolas DARC laisné, la veuve duquel nommee Ieanne fut sa marraine, qui luy donna sur les fonds ce nom heureux de Ieanne, de perpetuelle mémoire : l’autre frere fut Iean DARC son oncle, qu’elle pria de la conduire pour la premiere fois à Vaucouleurs, comme il se void par son histoire, et par les procedures de son proces ».
D’une part, toutes les marraines de Jeanne d’ARC sont connues et aucune d’entre elles n’est veuve d’un Nicolas d’ARC. D’autre part, il est clairement établi que ce fut Durand LAXART qu’elle appelle son « oncle » qui la mena jusqu’au capitaine de BAUDRICOURT.
Jeanne en témoigna lors de son procès : « La voix me disait de venir en France, et je ne pouvais plus durer où j’étais ! La voix me disait de lever le siège d’Orléans. Elle me dit d’aller trouver Robert de BAUDRICOURT à Vaucouleurs – c’était le capitaine de la place – qu’il me baillerait des gens pour venir avec moi. Je lui répondis que j’étais une pauvre fille qui ne savait ni aller à cheval ni faire la guerre. Et puis, j’allai chez mon oncle ; je voulais y rester quelques temps. J’y demeurai à peu près huit jours. Je dis à mon oncle qu’il me fallait aller à Vaucouleurs. Et mon oncle m’y conduisit ».
Et Durand LAXART en témoigna aussi lui-même lors du procès en réhabilitation : « Je suis allé moi-même chercher Jeanne à la maison de son père et l’ai emmenée chez moi. Et elle me disait qu’elle voulait aller en France auprès du Dauphin pour le faire couronner, disant : "N’a-t-il pas été dit que la France serait perdue par une femme et qu’elle devait ensuite être restaurée par une vierge ?". Et elle m’a dit aussi que j’aille auprès de Robert de BAUDRICOURT pour qu’il la fasse conduire au lieu où était le seigneur Dauphin. Ce Robert m’a dit, à plusieurs reprises, que je la ramène à la maison de son père après l’avoir bien giflée ».
Mon enquête m’a permis de recueillir les éléments suivants : De nombreux généalogistes affublent Jacques d’ARC de 2 frères, Nicolas et Jean, sans ne jamais citer aucune source (le premier à le faire étant Charles du LIS, les autres le suivant aveuglément sans aucun sens critique).
Après maintes recherches, j’ai enfin fini par trouver l’origine de toutes les informations relatives à la famille paternelle de Jeanne d’ARC, grâce à A.F.F. HUIN, qui cite la source d’un document aujourd’hui disparu : « Généalogie des parents paternels et maternels de Jeanne d’ARC, dressée en 1524, par Claude du LYS et Didier du LYS, à l’instigation de Thiébaut LAXART, fils de Durand LAXARD, dont la copie m’a été communiquée par Mr le curé de Gondrecourt ».
François d’ARBAMONT semble aussi avoir été posseseur de ce document puisqu’il le cite parmi ses sources généalogiques : « Une table généalogique de la famille de la Pucelle, tant paternelle que maternelle, faite et dressée par Claude et Didier du LYS … requérant Thiébaut LASSOIS, de Burey en Vaux … signée par eux à Domrémy la Pucelle et scellée du cachet de leurs armes le 20 décembre 1525, lesquelles signatures sont vérifiées par Thierry POUPART, prévôt gruier à Gondrecourt, le 3 mai 1597 ».
Dommage que ce document semble aujourd’hui disparu. Retrouver un tel témoignage datant de 1524, dressé par des descendants qui plus est, serait un trésor inestimable ! On sait simplement, grâce à A.F.F. HUIN, que c’est cette source qui donne une origine noble à la famille d’ARC : « C’est la famille d’ARC, dont les ancêtres étaient de petite noblesse : ils avaient pour armoiries d’azur à un arc d’or bandé de 3 flèches ».
[13] Information pas fiable. Vallet de Viriville avance ce remariage sans aucune source ni preuve tangible.
[14] Information pas fiable. Debouteiller et de Braux ferait bien mieux de ne pas ajouter de la confusion à la confusion ambiante.
[15] Information pas fiable. Date avancée sans aucune source ni preuve tangible.
[16] Ce ne sont que des allégations gratuites, sans aucune preuve, qui proviennent de Vallet de Viriville (p 10 et 43) et de Charles du LYS (p 28). Il n’est vraiment pas sérieux de faire de tous les homonymes « d’ARC » ou « du LYS » de cette époque et de cette région des membres de la famille de la Pucelle.
[17] Informations fiables issues notamment des enquêtes de 1476 et 1555 : « Jehan de VOULTON, lequel se disoit estre frère de Ysabelot, mère de feue Jehanne la Pucelle » (enquête 1476), « Une nomée Aveline que l’on disoit communément estre soeur germaine de la mère de ladicte Pucelle » (enquête de 1555).