LETTRE DE LA PUCELLE AUX ANGLAIS
22 mars 1429.
On trouve cette lettre dans le Procès de condamnation.
JHESUS MARIA,
Roy d'Angleterre, et vous duc de Bethfort qui vous dites regens le royaulme de France ; Guillaume de Lapoula, conte de Suffort, Jehan sire de Thalebot, et vous Thomas, sire d'Escalles, qui vous dictes lieutenans dudit de Bethfort, faites rayson au roy du ciel de son sang royal ; rendés à la Pucelle cy en voiée de par Dieu le roy du ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avés prises et violées en France. Elle est ayci venue de par Dieu le roy du ciel, pour reclamer le sang royal ; elle est toute preste de faire paix, se vous luy vollés faire rayson par ainssi que France vous mectés sur et paiés de ce que l'avez tenu. Entre vous archiers, compaignons de guerre gentilz, et autres qui estes davant la bonne ville d'Orliens, alés vous an, de par Dieu, en vous païs ; et se ainssi ne le faictes, attendés lez nouvelles de la Pucelle qui vous ira veoir briefment à vostre bien grant domaige. Roy d'Angleterre, se ainssi ne le faites, je suis chief de guerre, et en quelque lieu que je attaindré vous gens en France, je lez en feray aller, veuilhent ou non veulhent ; et se ilz ne veullent obéir, je le feré toulx mourir, et se ilz veullient obéir, je lez prandray à mercy. Je suis cy venue de par Dieu, le roy du ciel, corps pour corps pour vous bouter hors de toute France, encontre tous ceulx qui vouldroient porter traïson, malengin ne domaige au royaulme de France. Et n'aiés point en vostre oppinion, que vous ne tenrés mie le royaulme de France de Dieu, le roy du ciel, filz de saincte Marie ; ains le tenra le roy Charles, vray héritier ; quar Dieu, le roy du ciel, le vieult ainssi, et luy est revelé par la Pucelle : lequel entrara à Paris à bonne compaignie. Se vous ne voulés croire lez nouvelles de par Dieu de la Pucelle, en quelque lieu que nous vous trouverons, nous ferrons dedans à horions, et si ferons ung si gros hahaye, que encores ha mil années que en France ne fut fait si grant, se vous ne faictes rayson. Et créés fermement que le roy du ciel trouvera plus de force à la Pucelle que vous ne luy sauriés mener de toulx assaulx, à elle et à ses bonnes gens d'armes ; et adonc verront les quielx auront meilleur droit, de Dieu du ciel ou de vous. Duc de Bethfort, la Pucelle vous prie et vous requiert que vous ne vous faictes pas destruire. Se vous faictes rayson, y pouverra venir lieu que les François feront le plus biau fait qui oncques fut fait pour la crestienté. Et faites reponse en la cité d'Orliens, se voulés faire paix ; et se ainssi ne le faictes, de voz bien grans doumaiges vous souviengne briefment. Escript le mardi de la sepmaine saincte.
DE PAR LA PUCELLE
Et dessus : Au duc de Bethfort, soy disant régent le royaulme de France, ou à ses lieutenans estans devant la ville d'Orliens.
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