Autre lettre, du même au même, du 13 mars 1611.
Monsieur,
Je m’estois cest hyver promis l’honneur de vous baizer les mains, sous la résolution d’un voiage que j'avois dessaigné faire en ceste ville de Paris, et m’estois sous ce respect dispensé de vous satisfaire en l’éclaircissement que desiriés au subjet de la généalogie de nostre devancière, la Pucelle. Mais en ce dessein l’opportunité n’ayant satisfait à mon desir, je croirois faire tort au devoir que je vous doibs sy au moins je ne recherchois les occasions de vous itérer par mes lettres les protestations de mon humble service.
C’est la verité, Monsieur, que le peu de curiosité de mes devanciers à laisser quelques monuments par escrit de l’entresuytte de leur naissance me donne le regret de ne pouvoir à souhait et conformément à ce qu’avés dignement remarqué de notre descente, vous figurer en détail les degrés de la nostre, bien recogneus, Dieu mercy, pour estre telle que l'avés estimée, sçavoir descendus de Jehan, frère de la Pucelle ; laquelle certitude, jointe à la negligence de mes prédécesseurs, leur a fait (comme je croy) obmettre ce qui m’eût beaucoup contenté, qui est de vous en avoir laissé des enseignements plus particuliers, et s’estre satisfait en l’approbation qu’ils y ont constamment recogneue, sans jamais leur avoir esté revoqués en doubte soit d’estre tels, ou empeschés en la jouyssance octroyée aux descendants d’icelle. Je vous eusse envoyé une coppie dudit privilège qui est entre mes mains si je n’eusse esté certain qu’en avés tout tel que je le sçaurois avoir. Seulement vous suppliay-je bien humblement que si nous recepvons l' honneur d’estre jugés de vous tels qu’un chascun nous estime, descendus de la ditte Pucelle et par conséquent vos alliés, vous recepviés agréables les voeux de toute nostre maison, lesquels, par mon organe, elle jure à l’honneur de la vostre pour lui estre éternellement servante, et en mon particulier je desire devancer tous les autres, au tesmoignage de mon très affectionné service. J’ay receu du desplaisir que l’on m’ait faict rapport qu’un vautnéant (soubs vostre respect) se soit advoué des nostres pour mendier le port de vostre assistance en quelques siennes affaires. Je vous supplie croire que ceux qui ont l’honneur de vous appartenir en nostre climat sont personnes d'autre estoffe non que je voulusse dedaigner à parent un homme de bien pour pauvre qu’il fût, mais cestui-ci ne fut jamais ni en effet ni par croyance tel, ce qui m’oblige, après en estre plus à plein informé, à punir son outrecuidance, comme, Dieu aydant, je feray, et vous supplieray, n’adjoutés foy à plusieurs qui, soubs le hénéfice qu’ils recepvroient de la libérale communication que daignés faire de vostre authorité à tous ceux qui se disent tels, vous pourroient indiscrétement aborder et vous apporter de l’importunité. Et que lorsque l’occasion rendra nécessaire à quelques uns de nous l’entremise de vostre faveur, je l’accompagneray de mes humbles prières, qui vous seront ostages au ressentiment que je debvray à vos bons offices, lesquels, bien qu’ils soient desjà tels en mon endroit que mes services ne les puissent égaler, je surchargeray encore de cest aultre qui sera, s’il vous plaist, de croire que je demeureray éternellement, Monsieur, votre très humble serviteur et parent.
C. Dally.
A Veaucouleurs, ce 13 de mars 1611.
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